Penser les émotions : cinéma et audiovisuel

 Congrès de l’Association des Enseignants Chercheurs en Cinéma et AudioVisuel

Lyon, 3-4-5 juillet 2014

 

Notre colloque sera l’occasion de faire le point sur les questions de la création filmique des émotions et des effets produits chez les spectateurs (séries, programmes, etc.). Ces thèmes sont explorés par de nombreux chercheurs, aussi bien du côté de l’analyse de réception que dans des approches esthétiques.

En invitant les historiens à faire une place dans leurs études aux sentiments, aux passions, aux émotions d’une époque et d’une société données, Lucien Febvre a ouvert une voie éminemment féconde, qui a donné naissance à une véritable histoire de la sensibilité (Alain Corbin), reformulée plus récemment sous les espèces des « politiques du sensible » (Jacques Rancière). Par ailleurs durant les vingt dernières années, l’étude du fonctionnement du cerveau a permis de préciser les mécanismes d’émergence des émotions ainsi que d’affiner la distance qui les sépare des sentiments, cependant que les approches bio-culturelles travaillaient à dépasser les clivages entre psychologie cognitive et psychanalyse, entre sciences dures et approches culturelles. Désormais les conséquences de ce changement de regard se font sentir dans les études cinématographiques et audiovisuelles.

 

Les propositions pourront se situer sur un des axes suivants :

Histoire des émotions :

Comment prendre en compte les émotions pour une histoire des formes sensibles, comprise au sens le plus large ? On s’intéressera à l’histoire de la réception des spectateurs, à l’évolution de l’expression de leurs émotions (lettres, journaux intimes, blog, etc.). On questionnera la façon dont les émotions peuvent être soumises à des hiérarchies socioculturelles et genrées ; on étudiera les évolutions qui ont pu affecter les jeux d’acteurs dans des cinématographies données. Quel type de liens entretient la censure, selon les époques et les pays, avec les seuils de sensibilité et les paroxysmes émotionnels ? Mélodrame ou comédie, horreur ou pornographie, en quoi les genres filmiques qui veulent déclencher des émotions précises permettent-ils de mieux saisir des évolutions au cinéma ou à la télévision ?

 

Poétique et Esthétique des émotions :

Seront notamment abordés l’étude des registres des émotions (passion, pitié, souffrance, etc.) ainsi que leur fabrique et les programmes qu’elles soutiennent. Pourront ainsi être envisagées la question du/des créateur(s)/auteur(s) des émotions filmiques et audiovisuelles ou celle des théories et pratiques de l’acteur impliquées dans la création de l’émotion. On pourra s’intéresser à des poétiques singulières qui travaillent et inventent à partir des émotions ou bien les mettent à distance. Existe-t-il un art de l’émotion ? On s’intéressera ici aux modes d’expression qui orientent la prise en charge de telle ou telle émotion ainsi qu’aux aspects de la réception liés aux émotions qui oblitèrent ou amplifient les jugements critiques, chez un spectateur exposé à des seuils de sensibilité qui règlent ses conduites et son affectivité. Les questions de l’empathie, de la catharsis, ou encore celle plus vaste du rapport à l’identification et celle des pulsions pourront être débattues. On tentera d’appréhender le lien entre émotion et forme.

 

Politique des émotions :

Il s’agira à fois d’appréhender l’efficacité politique de l’image, quand l’émotion se fait vecteur de transformation, et d’envisager les interventions du politique dans la gestion des émotions à l’échelle de la société. On posera ainsi les questions liées aux gender politics (le caractère socialement genré des émotions) et celle du refus des émotions ou de leur amplification dans le cinéma militant. On n’oubliera pas la valeur performative de l’émotion ni les conséquences juridico-politiques des émotions cinématographiques dans la société (loi Rosetta…). On s’intéressera aussi à la censure des émotions (tabous culturels, lois, codes…).

 

Sociologie des émotions :

Quelles différences apparaissent sur le terrain des émotions et des sentiments lorsque le film ou le programme est vu chez soi ou en salle, dans l’intimité ou en communauté, dans tel ou tel type de lieu de sociabilité ? Quelles différences culturelles et nationales observe-t-on dans les constructions et réceptions des émotions ? On se demandera aussi comment apprécier les émotions qui se lisent dans les courriers des lecteurs-trices et les blogs de fans : est-il possible d’en déduire une pragmatique de l’émotion cinématographique, télévisuelle et “webographique” ?

 

Ces différents thèmes pourront se décliner sur toutes les époques, tous les lieux (cinéma, télévision, internet) sans restriction d’objets.

Les propositions d’intervention (1/2 page ou 2000 signes maximum) doivent être envoyées pour le 15 janvier 2014 au plus tard à l’ensemble du comité scientifique (contacts ci-dessous). Elles devront être accompagnées d’une mini biographie en 5 lignes.

 

Comité scientifique :

Martin Barnier (Lyon 2), Philippe Bourdier (Orléans), Isabelle Le Corff (Brest), Laurent Jullier (Nancy), Dario Marchiori (Lyon 2), Nedjma Moussaoui (Lyon 2), Geneviève Sellier (Bordeaux 3), Luc Vancheri (Lyon 2).

 

Martin.barnier@univ-lyon2.fr

philippe.bourdier@univ-orleans.fr

cils@wanadoo.fr

Laurent.Jullier@univ-paris3.fr

dario.marchiori@univ-lyon2.fr

nedjma.moussaoui@univ-lyon2.fr

sellier.g@wanadoo.fr

luc.vancheri@univ-lyon2.fr