Appel à contribution au n°8 de
Mise Au Point (http://map.revues.org)
« Théories du cinéma : chapelles et querelles »

Puisqu’il n’y a pas, de l’avis général, de théorie véritablement indigène des images animées, différentes approches se partagent l’étude du cinéma et de la télévision depuis leur entrée à l’université. Il arrive que leur coexistence soit harmonieuse, lorsqu’elle mène à la complémentarité interdisciplinaire. Mais ce nouveau numéro de Mise Au Point sera consacré aux autres cas, ceux qui mènent à la balkanisation ou au conflit.

La dysharmonie des approches, en effet, possède au moins deux aspects. Le premier est leur indifférence réciproque, résultant de leur constitution en chapelles autonomes – ce que Christian Metz soulignait à la fin de sa vie en déplorant « l’absence de passerelles » entre elles. Le second est leur opposition, dont les formes sont multiples. Parfois c’est une simple critique, un coup de griffe à l’occasion d’un colloque, d’autres fois (même si elles sont finalement assez rares) le camp d’en face réplique, jusqu’à la polémique par revues interposées. Ces querelles débouchent-elles sur un progrès scientifique quelconque, ou ne signalent-elles que l’existence de chapelles séparées par une « incommensurabilité des paradigmes » ?

Citons par exemple :

– les querelles de rapports à la méthode (rationalité vs. intuition, utilisation ou non des sciences dures…) ;

– les querelles de définition de l’objet (prendre en compte ou non le contexte, les intentions de l’auteur…) ;

– la simple opposition à un outil, à une notion ou un courant (contre l’Ecole de Francfort, la psychologie, la psychanalyse, la théorie du dispositif, les Cultural Studies, les Gender Studies, les Queer Studies…) ;

– les querelles internes au sein d’une même « école » ou d’un même courant.

– les querelles liées aux traditions nationales ou encore à l’internationalisation croissante des études cinématographiques (perspectives théoriques françaises vs. perspectives anglo-saxonnes, allemandes ou japonaises ; transcendantalisme théorique vs. eurocentrisme ou transnationalisme…)

Ces affrontements prennent quelquefois un tour politique (quand la théorie s’allie à la praxis et au militantisme) ou un tour corporatiste (les cinéastes, les critiques, les universitaires, produisent de la théorie). La dimension nationale y apparaît aussi, telle nation étant réputée sourde à telle approche et friande de telle autre (eurocentrisme vs. perspective transnationale, par exemple). D’autres fois, les querelles sont liées aux images elles-mêmes, à leur style ou aux techniques qui leur sont associées : pureté du médium vs. impureté, trucages vs. objectivité, absorption vs. distanciation, cinéma vs. audiovisuel, etc.

Des contributions d’histoire des théories sont attendues, revenant sur des polémiques ayant agité le microcosme des études cinématographiques et audiovisuelles (structuralisme vs. esthétique, par exemple). On songe aussi, bien sûr, à l’épistémologie et à la philosophie des sciences, éventuellement pour faire des comparaisons avec d’autres champs disciplinaires. Mais les contributions qui, elles-mêmes, cherchent querelle et polémiquent seront les bienvenues, pourvu qu’elles fassent entendre aussi une contradiction à ce qu’avance leur auteur – on peut imaginer, dans cette optique, des articles à quatre mains sous forme de dialogues contradictoires.

Les propositions de contributions devront être soumises, en français ou en anglais à Martin Lefebvre (martin.lefebvre@concordia.ca) et Laurent Jullier (laurent.jullier@univ-paris3.fr) pour le délai de rigueur, le 15 juin 2014. Après examen des propositions par le comité éditorial de MISE AU POINT, Cahiers de l’AFECCAV, les auteurs dont les propositions auront été retenues s’engageront à remettre leur contribution pour le 1er novembre 2014

Call for submissions to issue no. 8 of
Mise Au Point (http://map.revues.org) “Theories of Cinema: Cliques and Quarrels”

Because there is, by general agreement, no truly indigenous theory of moving images, various approaches have been used to study film and television since they entered the university. Sometimes, when they lead to complementary interdisciplinary approaches, their co-existence is harmonious. This new issue of Mise Au Point, however, will be devoted to those other cases which lead to Balkanization or conflict.

There are at least two features of this antagonism. The first is their mutual indifference, leading to the constitution of autonomous cliques – something Christian Metz remarked late in life, lamenting the “lack of bridges” between them. The second is the many ways they are opposed. Sometimes this opposition takes the form of a simple criticism or by taking a dig at the other side at a conference; at other times (even if these are quite rare in the end) the opposing camp replies and a polemics break out in scholarly journals. Do these quarrels advance scholarly knowledge in any way, or do they simply demonstrate the existence of cliques separated by “incommensurable paradigms”?

We are thinking for example of:
– quarrels around methods (rationality vs. intuition, whether to use the hard sciences, etc.);

– quarrels around the definition of the object of study (whether to take the context into account, the author’s intentions, etc.);

– simply opposing a tool, concept or branch of thought (being against the Frankfurt School, psychology, psychoanalysis, “dispositif” theory, cultural studies, gender studies, queer studies, etc.);

– internecine quarrels within the same “school” or branch of thought;

– quarrels related to national traditions or to the growing internationalization of film studies (French vs. Anglo-Saxon, German or Japanese theoretical perspectives; theoretical transcendentalism vs. Eurocentrism or trans-nationalism, etc.).

These confrontations sometimes take a political turn (when theory allies itself with political practice or activism) or a corporatist turn (filmmakers, critics and scholars produce theory). The national dimension also appears, with a particular country said to be deaf to a particular approach and fond of another (Eurocentrism vs. a transnational perspective, for example). At other times the quarrel is connected to the images themselves, to their style or the techniques associated with them: the medium’s purity vs. its impurity, special effects vs. objectivity, absorption vs. distancing, film vs. audiovisual technologies, etc.

Contributions on the history of theories are anticipated, revisiting the controversies that stirred up the microcosm of film and audiovisual studies (structuralism vs. aesthetics, for example). We are also thinking, of course, of the epistemology and philosophy of the sciences and possible comparisons with other fields of study. Contributions which themselves are looking for a quarrel and polemicize are also welcome, as long as they also give voice to a position contradictory to the author’s – here one might imagine co-authored articles in the form of a dialogue of conflicting views.

Proposals must be submitted, in French or English, to Martin Lefebvre (martin.lefebvre@concordia.ca) and Laurent Jullier (laurent.jullier@univ-paris3.fr) by the deadline of 15 June 2014. Following study of the proposals by the editorial committee of MISE AU POINT, Cahiers de l’AFECCAV, authors whose submissions are accepted agree to complete their contribution by 1 November 2014.